De l’usage de la pharmacopée à la conservation de la diversité floristique : Quelle place pour la connaissance indigène Manon en Guinée ?

Résumé

En Guinée, l’usage de la pharmacopée chez les Manons est étroitement associé aux connaissances indigènes inféodées aux forêts sacrées. Or, l’extension des superficies agricoles et l’urbanisation galopante ont tendance à marginaliser cette pratique pourtant cruciale à la conservation des plantes médicinales. Cette étude vise à comprendre la place des connaissances indigènes dans la préservation des plantes médicinales. Pour atteindre cet objectif, des entrevues semi-dirigées ont été utilisées dans 4 communes rurales formant le milieu Manon de Guinée. Les résultats montrent la présence des forêts sacrées comme modes traditionnels de conservation des plantes emblématiques et médicinales. Le respect des rites, mythes, tabous et restrictions rattachées à ces connaissances contribue à la préservation de ces plantes. Dans ces forêts, 46 plantes médicinales appartenant à 25 familles ont été enregistrées. Parmi elles, la famille des Fabaceae est la plus représentée avec 8 espèces (soit 17,39%), suivie par la famille des Moraceae avec 4 espèces (soit 8,69%). 76 citations d’organes font l’objet du traitement de 13 affections dont les plus fréquentes sont : maladies digestives, sexuelles, respiratoires et fièvres.  Les organes les plus utilisés sont les écorces. Blighia sapida, Zanthoxylum gilletii, Harrisonia abyssinica, Piper guineensis sont utilisés pour soigner plusieurs maladies. Aframomum longiscapum, Bombax buonopozense, Milicia excelsa, Piptadeniastrum africanunm, sont à la fois utilisées pour des soins et aussi pour des fins spirituelles ou religieuses. Etant l’unique témoin de la végétation authentique et luxuriante en pays Manon, les forêts sacrées abritent encore les espèces emblématiques aux usages exclusivement thérapeutiques et spirituels.

 Mots clés: Connaissance indigène, Guinée, Manon, Pharmacopée.